Les patrons se mettent en grève,
L’affameur crie à l’affamé :
« Il faut qu’on me cède ou qu’on crève. »
L’atelier du maître est fermé.
Ils réduisaient deux sous de l’heure,
Deux sous de moins ! on ne peut pas !
S’il faut qu’en travaillant l’on meure,
Autant se couper les deux bras.
Voyant l’ouvrier sans ressource,
Le capital se sentait fort :
Qui tient les cordons de la bourse
A le droit de vie et de mort.
Eh ! qu’ils les ferment, leurs fabriques
Où nous râlons tous entassés
Dans l’ouragan des mécaniques,
Leurs bagnes des travaux forcés.
Enfants décharnés, têtes grises,
Pour-nous le, supplice est sans fin,
Car ce n’est pas la cour d’assises
Qui nous condamne…, c’est la faim !
Toi qui voulais, sur ma semaine,
Au gosse acheter des souliers,
Tu vois, femme, comme on nous mène :
Nos czars ferment leurs ateliers,
Leur ukase nous prend en traître…
Et l’on ne s’est pas soulevé !…