< Page:Renard Oeuvres completes 1 Bernouard.djvu
Cette page n’a pas encore été corrigée
27
JULES RENARD


En mesure, un pas, puis un pas,

Ils vont longtemps d’un arbre à l’autre.

Il est moins frêle que le nôtre,

Le calme des petits soldats.


Puis ils font la guerre pour rire

Dans un espace limité.

De toutes parts on les admire :

C’est joliment bien imité.


" Je suis comme un vaisseau sans voiles ",

Dit un médaillé d’autrefois ;

" Ma poitrine est pleine d’étoiles,

Mais ma jambe gauche est en bois. "


Et peut-être que quelque femme

Songe à l’un d’eux, bien loin, là-bas.

Vraiment on n’a pas moins une âme

Pour jouer aux petits soldats.


Puis la nuit surprend l’exercice.

Le retour sonne à l’horizon.

Et bébé dit à sa nourrice :

" Ils vont rentrer à leur maison. "


Le lendemain la place est vide.

Les soldats ne reviennent plus.

Le citadin écoute, avide,

Ce qu’il entend de bruits confus.


Mots magiques : patrie et guerre,

Toute la rumeur des combats.

Un silence pèse où naguère

On jouait aux petits soldats.

    Cet article est issu de Wikisource. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.