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JULES RENARD
Les crottins
Ils tombent un à un, ici beaucoup, là peu.
Le voyageur à la démarche exténuée
Regarde, vaguement gris, monter leur buée.
Contre le banal proverbe, ils fument sans feu.
En plein midi, loin des villes, gorgés de crotte,
Ils ignorent qu’un pied de bête, (l’homme en a peur),
Ou qu’un tour d’essieu peut les crever jusqu’au cœur,
Et sommeillent, rangés, le dos rond, en pelote.
Et, comme ils ne sont pas de la même heure, l’un
A durci, l’autre encor nage dans son parfum.
Mais que le bon soleil brûle à travers la branche,
Sous un nuage de poussière, et dans l’essor
Du sable fin, pour le repas des mouches d’or,
Us cuisent, gratinés, noirs sur la route blanche.
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