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POÉSIES INÉDITES


Larmes


Si j’avais par hasard trois larmes à verser,

Je voudrais la première aussi froide que lente,

La seconde plus tiède, et l’autre très brûlante,

Toutes les trois coulant sans qu’on vînt les forcer.


La froide pour celui dont la lèvre tremblante

Sur un front ivre-mort cherche un dernier baiser,

Qui demande en riant des verres à casser

Et s’endort au bruit lourd d’une orgie insolente.


La tiède pour celui qui de s es père et pleure,

Que la misère accable et ne relève pas ;

Car il faut au souffrant la pitié qui demeure.


Et l'autre ! Oh ! je voudrais, silencieux et bas,

Et, tremblant qu’il ne vît dans mon offre une offense,

Aller moi-même offrir l'autre à celui qui pense.

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