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à produire des bruits inquiétants. Et jamais ses pattes de devant ne se sont tendues dans le mouvement de celui qui écoute.

— Les sons qui dépendent de nous et même tous ceux que nous pouvons entendre sont trop faibles pour lui parvenir.

— Ceci est plausible, reconnut Aristote. Mais jamais, dans aucun cas, ses pattes antérieures n’ont fait le geste d’écouter.

Je dis :

— Regarde comme il tient singulièrement sa tête en ce moment. Je crois bien qu’il écoute quelque bruit très faible pour lui, trop énorme pour que nous puissions le soupçonner.

— Tu crois ?…

— Les organes qui lui permettent d’entendre ne sont pas dans ses pattes. Ils forment, des deux côtés de sa tête, de lourds et barbares ornements. Vois-tu ces énormes excroissances si grossièrement découpées ?…

Aristote m’interrompit, furieuse :

— Tu ne peux dire deux phrases sérieuses. Ton amour du paradoxe t’entraîne aux absurdités les plus inconcevables.

Et elle recommença à énumérer les pauvretés de cet être vaste et misérable, si lourd, si mal dessiné et, sauf par devant, aveugle de tous les côtés.

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