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donc ?… Oui : elle vous a appelé son ami… Vous êtes son ami… Son amant peut-être !… Écoutez, Jacques, écoutez, il faut que je vous parle, ajouta-t-elle avec précipitation en voyant revenir le serviteur avec la clef.

— Non, pas maintenant, dit Jacques troublé et irrité ; surtout pas après le mot insensé que vous venez de dire…

— Ah ! reprit-elle en baissant la voix à mesure que le domestique s’approchait, quel accent d’indignation ! je crois entendre la voix de Jacques au bal masqué lorsque, pour l’éprouver, je le supposais l’amant de Julie ! Au nom de la pauvre Julie qui est morte dans tes bras, Jacques, écoute-moi un instant, suis-moi. Mon avenir, mon salut, ma consolation sont dans vos mains, Monsieur… Si vous êtes un homme juste et loyal comme vous l’étiez jadis… Si vous êtes un homme d’honneur, parlez-moi, suivez-moi… ou je croirai que vous êtes mon ennemi, un lâche ennemi comme les autres ! Eh bien ! n’hésitez donc pas ! dit-elle encore pendant que le domestique faisait crier la clef dans la serrure rouillée ; rien de plus simple que vous me donniez le bras jusqu’à mes appartements. Rien de plus grossier que de me laisser traverser seule l’autre jardin.

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