nous entrerons tu peux te glisser en même temps que moi dans la chambre, te tenir caché, tout entendre et tout voir. Si cette femme est ta maîtresse, il est important que tu saches bien et vite ce dont il s’agit ; car ce qu’elle me dira, je te le répéterais mot à mot, il sera donc plus tôt fait de l’entendre.
J’hésitais, et pourtant j’avais bien envie de suivre ce mauvais conseil.
— Mais si c’est une autre femme, objectai-je, si elle a un secret à te confier ?
— Avons-nous des secrets l’un pour l’autre ? dit Checchina, et as-tu moins d’estime que moi pour toi-même ? Allons, pas de sot scrupule, viens.
Elle appela Térésa, lui dit deux mots à l’oreille, et quand le paravent fut arrangé, elle la renvoya et m’entraîna avec elle dans le salon. Je ne fus pas caché deux minutes sans trouver au paravent protecteur une brisure par laquelle je pouvais voir la dame mystérieuse. Elle n’avait pas encore relevé son voile ; mais déjà je reconnaissais la taille élégante et les belles mains d’Alezia Aldini.
La pauvre enfant tremblait de tous ses membres ; je la plaignais et la blâmais, car le boudoir où nous nous trouvions n’était pas décoré dans un goût très chaste, et les bronzes antiques, les statuettes de marbre qui l’ornaient, quoique d’un choix exquis sous le rapport de l’art, n’étaient rien moins que faits pour attirer les regards d’une jeune fille ou d’une femme timide. Et en pensant que c’était Alezia Aldini qui avait osé pénétrer dans ce temple païen, j’étais malgré moi, par un reste d’amour peut-être, plus blessé que reconnaissant de sa démarche.
La Checchina, tout en se hâtant, n’avait pourtant pas négligé le soin si cher aux femmes d’éblouir par l’éclat