sa rencontre et sa connaissance avec Simon Féline, voulut, moins pour faire honneur à son hôte que pour se désennuyer d’une société qui le gênait un peu, aller chercher son voisin et le faire souper chez lui ; mais il ne put y déterminer Simon. Le jeune républicain eût trop craint de paraître rechercher la faveur du puissant.
« Je sais que le seigneur est affable, répondit-il aux instances de Parquet, mais je sens que j’aurais de la peine à l’être autant que lui ; et n’étant pas disposé à lui accorder une dose de bienveillance égale à celle qu’il me jette à la tête, je crois qu’il est bon que nos relations en restent là. »
Parquet fut obligé d’aller dire à M. de Fougères que son jeune ami, fatigué d’avoir chassé tout le jour, était déjà couché et endormi. On se mit à table ; mais, malgré les soins que l’on avait pris pour cacher l’arrivée du comte, il n’était pas possible qu’un aussi grand événement fût ignoré tout un soir, et une députation de villageois, ayant en tête le garde champêtre, orateur fort remarquable, se présenta à la porte et frappa de manière à l’enfoncer jusqu’à ce qu’on eût pris le parti de capituler et d’écouter le compliment. Après ceux-là arriva une seconde bande avec les violons, la cornemuse et les coups de pistolet ; puis un chœur de dindonnières qui chanta faux une ballade en quatre-vingt-dix couplets dans le dialecte barbare du pays, et présenta des bouquets à mademoiselle de Fougères. Enfin, l’arrière-garde des polissons et des goujats, qui s’attendaient bien à prendre la truelle pour recrépir le vieux château, ferma la marche avec des brandons, des pétards et des cris de joie à faire dresser les cheveux sur la tête. Par émulation, le sacristain courut sonner les cloches, tous les chiens du village se mirent à pousser des hurlements affreux auxquels répondirent du