— J’ai dans l’esprit, répondit Parquet d’un ton doux et paternel, que vous avez écouté un peu trop votre bon cœur durant cette dernière absence de M. le comte. Je vous l’ai dit, Jeanne Féline est un ange de vertu ; je ne vous souhaiterais pas de plus haute noblesse que d’être sa fille. Simon est un digne jeune homme qui mériterait de Dieu la faveur d’avoir une sœur telle que vous ; mais votre père qui n’entend rien aux relations de sentiments, si belles et si saintes qu’elles soient, blâmera certainement votre intimité avec cette famille de paysans. Il n’eût pas approuvé que vous vissiez madame Féline sur le pied d’égalité, comme vous le faites ; à plus forte raison maintenant que voici son fils de retour. Vous savez tout ce que la malice du public peut imaginer en cette occasion. Avez-vous réfléchi à cela ? Ne croyez-vous pas que désormais, du moins pendant les semaines du séjour de M. de Fougères au château, vous feriez bien de cesser vos relations avec la maison Féline ?
— Je sais, mon ami, répondit Fiamma, que ce serait une conduite prudente, si tant est que l’intérêt personnel doive céder à l’absurdité, par crainte de querelles ; je sais que mon père, tout en accablant M. Féline de compliments et de prévenances, le remercierait volontiers de ne pas répondre à ses invitations. Malgré sa ponctualité à saluer profondément madame Féline et à lui demander de ses nouvelles dans la rue, il n’oserait lui offrir une chaise dans son salon à côté de la femme du sous-préfet. Cependant il faudra bien qu’il en vienne là. Il m’en coûtera quelque peine ; j’essuierai des admonestations ennuyeuses, et j’entendrai émettre des principes de morale et de bienséance qui feront bouillir mon sang dans mes veines ; mais, comme à l’ordinaire, je tiendrai bon, je serai respectueuse, et ma volonté sera faite. Ne vous inquiétez donc de rien ; mon père est un homme qu’il faut