il ne ferait qu’abuser. Cela pouvait être fort juste, mais deux heures après je vis que cette modération n’était guère dans son caractère ; car en passant devant la maison du pauvre Mion, et en le voyant entrer avec ses enfants sous sa misérable hutte, où l’on ne peut se tenir debout, elle s’écria avec chaleur : « Ô ciel ! avec mille francs on donnerait à cette famille un logement sain, et cependant elle reste courbée sous ce hangar, à la porte d’un château !… » Je lui fis observer qu’elle pouvait bien disposer d’un billet de mille francs pour des malheureux ; M. de Fougères m’avait encore dit la veille : « Engagez donc Fiamma à me demander tout ce qu’elle désire, et j’y souscrirai. Je ne me plains que de son excessive économie. » Fiamma alors changea de visage et me répondit d’un air étrange : « Parquet, vous devriez être habitué à cette vérité aussi ancienne que le monde : ne vous fiez pas à l’apparence. » Va, Simon, ajoutait Parquet, sois sûr qu’il y a là un mystère d’iniquité de la part de M. de Fougères. Simon lui renvoyait en riant cette phrase de cour d’assises et trouvait la supposition folle. Il était bien prouvé désormais pour tout le monde que M. de Fougères était un hypocrite de bonté, mais non de probité ; un homme dur, égoïste, étroit d’idées et de sentiments, peureux et avare ; mais il était impossible de trouver en lui assez d’étoffe pour en habiller le personnage du plus maigre scélérat.
Cependant, comme les gens heureux et faits pour l’être se lassent vite des investigations actives et s’accommodent de tout ce qui s’accommode à eux, M. Parquet finit par accepter mademoiselle de Fougères pour ce qu’elle voulait être, et il en vint même à conseiller à Simon de la regarder comme sa sœur et de ne plus songer à devenir son amant ou son époux. Simon s’efforça de s’habituer à cette conviction ; mais il avait beau faire, la