dans le caractère un peu l’amour de la domination. C’est le mal des âmes qui se sentent fortes, et souvent cette preuve de leur force est la source de leurs faiblesses. Bonne s’aperçut de la surprise qu’il éprouvait de ne pas supplanter son concurrent aussi vite qu’il se l’était imaginé ; elle changea cette surprise en dépit avec un peu de ruse. Le concurrent était un jeune médecin d’une belle et bonne figure, ne manquant pas de talent, et assez capable, non de lutter avec Simon, mais de faire oublier une ingratitude. Bonne, en petite rusée, l’accueillit d’autant mieux qu’elle vit Simon plus assidu. M. Parquet s’aperçut de ce manège, et, ne reconnaissant pas là la droiture accoutumée de sa chère enfant, il la gronda un peu.
« Écoutez, cher papa, lui dit-elle, M. Simon est un capricieux qui m’a fait assez souffrir. Je l’ai attendu longtemps, croyant ce que tout le monde croyait, qu’il finirait par se prononcer. Il ne l’a pas fait dans le temps où je ne souffrais aucun galant près de moi pour ne pas le décourager. À présent, il daigne s’apercevoir que j’existe, que je ne suis pas tout à fait aussi bête qu’il se l’était imaginé, et il trouve fort mauvais, sans doute, que je ne tombe pas à genoux devant lui. Moi, je vous dirai que je suis un peu revenue de mes idées romanesques, et que je ne mourrai pas de chagrin s’il m’abandonne de nouveau. En raison de cela, je prends mes précautions. D’ailleurs, tout n’est pas fini d’un certain côté, et j’ai écrit une lettre dont j’attends l’effet. »
M. Parquet l’interrogea vivement pour savoir quel était le sujet de cette lettre. Il sut seulement d’abord qu’elle était adressée à Fiamma ; enfin, comme il était extrêmement curieux et passablement absolu, il obtint que sa fille lui montrât le brouillon, l’original étant parti.
« Ma noble amie, votre père va, dit-on, arriver ici à