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chaumière et l’interroger. Mais il n’y a rien de si pudique que le sentiment de l’amour. Fiamma s’enfuit en mettant son doigt sur sa bouche, comme si le sommeil de madame Féline eût été la seule cause de sa réserve.

Bientôt Simon rentra. Il s’inquiétait de ne pas voir arriver à l’église sa mère toujours si matinale et si exacte surtout pour cette commémoration. Il s’effraya encore plus en la voyant couchée ; mais Bonne le rassura, et ils se mirent à causer à voix basse. Bonne était curieuse, non des sottes puérilités de la vie, mais de tout ce qui intéressait son cœur aimant. Sa noble conduite réclamait toute la confiance de Simon. Il lui ouvrit son âme, lui avoua sa joie et ses espérances, et lui dit que c’était à elle qu’il devait son bonheur. Cette dernière parole acheva de consoler Bonne de son sacrifice, et, dès qu’elle fut bien assurée que l’amour de Simon était payé de retour, elle sentit dans son cœur le même calme et le même désintéressement qu’elle aurait eus si Féline eût été son frère.

Dans l’après-midi, Simon alla trouver M. Parquet au sortir de l’office. Jusqu’au dernier coup de la cloche, le bon avoué s’était livré au sommeil, et, sans le pieux devoir qu’il avait à remplir envers son défunt ami, il déclarait qu’après une nuit si remplie d’émotions il ne se fût pas sitôt arraché aux caresses de Morphée.

« Mon ami, lui dit son filleul, je viens vous déclarer qu’il faut que vous arrangiez à tout prix mon mariage.

— Oh ! oh ! décidément ? dit M. Parquet, qui n’avait pas revu sa fille dans la journée. Il y a pourtant des réflexions à vous soumettre encore. J’ai parlé de vous à mademoiselle de Fougères.

— Et moi aussi, mon ami, je lui ai parlé.

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