< Page:Sand - La dernière Aldini. Simon.djvu
Cette page n’a pas encore été corrigée

esprits faibles, pour qu’on daignât ou pour qu’on osât lui faire des reproches ; et certes, M. Parquet ne s’en fût jamais donné la peine sans l’espoir et la volonté de tirer parti de sa confusion pour son grand dessein.

Ce qu’il avait prévu arriva. Le comte se retrancha, pour sa justification, dans des serments d’estime, de confiance, de dévouement, d’affection pour la cause plébéienne et pour Simon Féline spécialement. Il fit bon marché de la noblesse, de la parenté, de la monarchie, de toutes les hiérarchies sociales, à condition qu’on lui laisserait gagner son procès. Depuis longtemps il s’était réservé tant de portes ouvertes qu’il était difficile de le saisir. M. Parquet le poussa et l’égara dans son propre labyrinthe ; il le força de s’enferrer jusqu’au bout.

— Allons, lui dit-il, il ne faut pas tant vous échauffer contre ceux qui ont répété vos paroles. Ce n’est pas un grand mal, après tout, dans votre position ; vous avez été forcé d’émigrer. La révolution vous a dépouillé, banni. Il est simple que vous ayez des préventions contre nous et que vous nous confondiez tous dans vos ressentiments.

— Je n’ai point de ressentiments, s’écria le comte, je n’ai aucune espèce de prévention. Je n’en veux à personne ; je n’accuse que la noblesse de ses propres revers. Je sais que tous les hommes sont égaux devant Dieu comme devant la loi, devant toute opinion saine comme devant tout droit social. Enfin, j’estime maître Parquet, honnête homme, habile, généreux, instruit, cent fois plus qu’un gentilhomme ignorant, égoïste, borné.

— C’est fort bon, je le crois jusqu’à un certain point, répondit M. Parquet ; mais cependant je vais vous mettre à une épreuve. Si j’avais vingt-cinq ans, une jolie aisance et une certaine réputation, et que je fusse amoureux de votre fille, me la donneriez-vous en mariage ?

    Cet article est issu de Wikisource. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.