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MADAME PATURON. — Eh bien, allez donc lui demander la permission, à votre bourgeoise.

(Cottin s’éloigne.)

MADAME CHARCASSEAU. — Allons, c’est amusant, à c’te heure, s’il faut avoir des permissions pour se promener dans le jardin de Noirac !

MONSIEUR CHARCASSEAU. — Dame, écoute donc, ma bonne respect à la propriété, chacun chez soi !

MADAME PATURON. — C’est vrai, ça. Elle est comme l’aristocrate de Russie, votre femme ! faut que tout le monde lui cède !

MONSIEUR CHARCASSEAU. — C’est moi qui l’ai habituée à ça.

MADAME CHARCASSEAU. — Non ! je ne suis pas aristocrate pour ça, ma petite ; mais quand on a un beau jardin, c’est pour le faire voir, et si c’te dame veut cacher le sien, c’est pas la peine qu’elle en ait un. C’est-il vrai, monsieur Malassy ?

MONSIEUR MALASSY. — Distinguons ! un lieu public n’est pas une propriété particulière, de même qu’une propriété particulière n’est pas un lieu public. Il y a jardin et jardin, comme on dit, il y a fagots et fagots ! Si cette dame ne veut point accorder le droit de passage et de parcours sur sa propriété, nous n’avons pas le droit de faire irruption sur sa propriété !

POLYTE CHOPART. — Qu’est-ce qu’il dit, monsieur Malassy ? Il réclame le droit de pacage ?

MONSIEUR CHARCASSEAU. — Ah ! les belles citrouilles ! Dieu de Dieu, les belles citrouilles !

MADAME CHARCASSEAU. — Fais donc attention, Ulalie ! tu traînes ta robe sur l’oseille toute fraîche arrosée.

MONSIEUR CHARCASSEAU — Regarde donc, ma femme, les belles citrouilles !

MADAME CHARCASSEAU. — M’entends-tu, Ulalie ? quand je te dis de relever ta robe !

COTTIN, revenant. — Messieurs, mesdames, vous pouvez vous promener dans le jardin tant qu’il vous plaira. Seulement on vous prie de ne pas entrer dans le parterre autour

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