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ne donnait plus aucune fête. Cette femme, si malheureuse

et si bonne, m’intéressait vivement, et j’eusse voulu la voir unie au seul homme qu’elle avait aimé. Madame de Flamarande osait à peine lui parler de ses propres chagrins, car elle lui répondait alors :

— Votre Gaston est vivant, c’est moi qui ai perdu l’espérance de ma vie ! Vous avez toujours été adorée de Salcède sans rien faire pour cela, et moi, je n’ai eu pour récompense du sacrifice de ma vie entière que sa très-paisible amitié.

Alors madame de Flamarande voulait lui persuader qu’elle avait la meilleure part, la plus durable, et qu’elle finirait par être madame de Salcède. Elles continuaient un combat très-féminin de générosité, comme celui qu’en sens contraire elles s’étaient livré autrefois, alors que Rolande travaillait pour Berthe auprès du beau Salcède. Maintenant Berthe travaillait pour Salcède auprès de son amie et avec bien plus de chances pour l’emporter. Comme elles ne se gênaient pas beaucoup pour parler devant moi de ces choses délicates, il devenait évident à mes yeux que l’amour de Gaston et celui de son père adoptif étaient inséparables dans le cœur de madame de Flamarande.

Mais ma grande préoccupation était ailleurs, car je préférais Roger à tous les autres, et sa rêverie m’avait fort inquiété. Je vis avec plaisir qu’au bout

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