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plus ruinée que moi ; mais ce qui est fait est fait.

Qu’allons-nous devenir ? Je ne peux pas rester chez toi avec mes enfants, mes domestiques et mes chevaux. Je te payerai ma dépense, il le faut, c’est convenu ; mais rester ici toujours est au-dessus de mes forces, Sarah ! J’y mourrais, et tu ne veux pas que je meure ?

— Non, certes, et tu as encore de quoi exister agréablement ailleurs, si tu es raisonnable ; mais je ne peux pas t’y accompagner maintenant, ma vie est rivée à ce coin de terre, et tu es trop jeune pour aller vivre seule à Paris. Tu es surtout trop récemment veuve pour y songer cet hiver.

Elle prit beaucoup de dépit de cette nécessité, et jura qu’elle ne s’y soumettrait pas.

— Je n’accepterai jamais, s’écria-t-elle, qu’un peu plus ou un peu moins d’argent doive nous priver de notre liberté. Tu arranges les obstacles à ta guise, parce que tu te plais ici et que tu y reçois les personnes qui le plaisent ; mais, si elles me déplaisent, à moi, il faudra donc que je les subisse !

— Quand on saura, ma chère enfant, qui te plaît ou te déplaît, chose fort difficile à fixer dans ta pensée, on s’arrangera pour ne te mettre en contact qu’avec les personnes de ton choix.

— Comme s’il y avait à choisir ! Ah ! Sarah, si tu m’aimais, et si tu le voulais, tu arrangerais tout cela autrement. Tu vendrais cette propriété qui t’a coûté plus qu’elle ne te rapportera jamais, et nous

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