< Page:Sand - Pierre qui roule.djvu
Cette page n’a pas encore été corrigée

comme si j’eusse été son frère ; Bellamare et Moranbois,

qui étaient venus avec elle à Paris pour faire leurs engagements annuels, la relayaient tour à tour auprès de moi. Elle se reposait alors dans la chambre voisine, elle ne me quittait pas. Elle m’expliqua tout cela en me défendant de m’étonner et de questionner.

— Tu es sauvé, me dit-elle. Il te faut beaucoup de repos, tu n’as rien de mieux à faire ; nous sommes là, nous ne te quitterons que quand tu pourras marcher. Ne nous remercie pas, c’est un devoir pour nous de t’assister, et un plaisir, à présent que nous ne sommes plus inquiets.

Elle me tutoyait franchement pour la première fois, soit par un sentiment d’intérêt maternel, soit qu’elle eût pris tout à fait les habitudes du théâtre ambulant, peu modifiées alors. Je couvris ses mains de baisers, je pleurais comme un enfant, je l’adorais, je ne pensais plus.

Elle m’aida à prendre un peu de limonade qu’elle prépara elle-même. On m’avait appliqué aux épaules des ventouses scarifiées qu’elle visita et pansa comme une sœur de charité eût pu le faire. Je ne suis pas sûr que, pendant l’absence de ma

    Cet article est issu de Wikisource. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.