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Et Juliana avait raison. Ne sont-ce pas les filles, à Ouessant, qui de tout temps, ont dû faire les avances aux gars très puissants, mais timides et pleins de froideur indolente et qu’elles ont tant de peine à retenir, malgré leurs charmes, désarmées contre cet atavique instinct, leur unique passion, celle qui les entraîne irrésistiblement vers la mer ?

— Trop sauvages, en vérité ?

— Oui, répéta-t-elle, avec une moue dédaigneuse. Et elle crispait sa volonté pour paraître indifférente et insensible.

Il y eut un silence. Un silence qui était lourd de pensées qu’ils n’osaient point échanger et qui se rapportaient à eux-mêmes. Peut-être à leur mutuel amour inavoué.

Et n’était-ce point cela qu’il aurait fallu lire entre les lignes, la preuve de son attachement, dans cette incapacité de pouvoir supporter un autre homme après lui ?

Or Soley était-il aveugle ou indifférent ou simplement maladroit, quand il fit :

— Bast ! tout s’oublie !...

... ou bien se mentait-il à soi-même ?

Enfin, il s’aperçut que le soleil, sur la fin de sa course, allait disparaître derrière les rochers de Pern. Il entraîna Julia vers ce glorieux

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