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que dans mon étude il n’y avait pas de poêle, il n’y avait pas de bûches : on soufflait dans ses doigts, ou l’on était obligé d’écrire pour s’échauffer ; c’était tout profit pour la maison.


DERVILLE.

Et que gagniez-vous à ces belles économies ? D’être bafoués, montrés au doigt ; car de votre temps, c’était à qui s’égaierait sur le compte des procureurs.


JOLIVET.

Vous allez voir, monsieur, qu’on respecte les avoués.


DERVILLE.

Mais oui ; un peu plus.


JOLIVET.

Et pourquoi donc ? Est-ce parce qu’il ont des fracs à l’anglaise et des bolivars, et qu’on ne sait jamais à leur costume s’ils vont au bal ou au Palais ? Et surtout nous ne courions pas les affaires en cabriolet.


DERVILLE.

Où est le mal ? cela va plus vite ; et pourvu que les cliens n’en souffrent pas, pourvu qu’ils ne soient pas rançonnés comme de votre temps…


JOLIVET.

Je les rançonnais, c’est vrai ; mais je ne les éclaboussais pas. Et à tout prendre, il faut encore mieux écorcher les cliens que de les écraser.


DERVILLE.

Ma foi, je n’en sais rien ; au moins nous crions gare.

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