< Page:Scribe - Théâtre, 10.djvu
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des armoiries. Je prends mes maîtresses dans les

chœurs de l’Opéra, et toi, dans l'Almanach Royal ; chacun son goût. Je ne te blâme pas, moi, je blâme ta discrétion ; je ne te cache rien, je te dis tout ; et toi, tu fais le mystérieux avec moi, ton meilleur ami et ton banquier.


EDMOND.

Tu te trompes.


DENNEVILLE.

Non pas, je m’y connais, et pendant long-temps je t’ai vu triste, malheureux ; tu ne prenais plus plaisir à rien, tu refusais toutes nos parties, tu ne dépensais plus d’argent ; enfin, mon ami, tu te dérangeais.


EDMOND.

C’est vrai, j’étais amoureux, et sans espoir.


DENNEVILLE.

Dans l’Almanach Royal ?


EDMOND, hésitant.

Oui, oui, mon ami, une femme charmante, jeune, aimable, vertueuse, d’autant plus difficile à vaincre, qu’elle n’était ni prude, ni dévote, ni coquette, mais sincèrement attachée à ses devoirs.


DENNEVILLE.

C’est là le diable. Cependant cela va mieux ; car, depuis deux ou trois jours, je te vois une physionomie à succès.


EDMOND.

Oui, les circonstances sont venues à mon aide. Je crois qu’on me voit d’un œil plus favorable, on

    Cet article est issu de Wikisource. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.