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andré van hasselt



La maison était pleine de fleurs et de chants.
D’oiseaux et de roses,
Et ses portes toujours aux propos des méchants,
Toujours étaient closes.

Le printemps l’égayait d’un sourire charmant,
Mon ange, à toute heure,
Et chantait comme un luth quand du soir doucement
La brise l’effleure.

Ce printemps c’était vous, la splendeur, la beauté,
La grâce suprême,
Le rayon qui dorait de sa pure clarté
La nuit elle-même.

Et voici, la maison voit grimper sur son seuil
Les ronces armées.
Et le morne silence remplit de son deuil
Les salles fermées.

Le rosier du jardin que fait-il de ses fleurs ?
Le soir les effeuille.
Et l’oiseau que fait-il de ses chants, de ses pleurs ?
Le vent les recueille.

Car, hélas ! mon amour, de la blanche maison
Vous êtes partie.
De son nid printanier, sa chantante prison,
Fauvette sortie.



Vous n’êtes plus là[1].

Dans mon frais jardin plein de fleurs étoilées
Vous croissiez, ô lis des bosquets ténébreux.

  1. Cette pièce rythmique est formée entièrement de vers de onze syllabes à quatre accents toniques (quatre pieds), la dernière syllabe muette n’étant pas comptée, à la fin d’un vers, comme dans la prosodie ordinaire. Il faut les scander ainsi :
    ____
    Dans mon frais/ jardin/ plein de fleurs/ étoilées
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