Vous chantiez, bouvreuils, ô musiques ailées,
Aux échos charmés vos refrains amoureux.
Dans mon gai foyer, plein de flammes joyeuses,
Vous brûliez, rameaux des yeuses des bois ;
Ô grillons, et vous, aux soupirs des yeuses[1]
Ô grillons chanteurs, vous mêliez votre voix !
Dans mon ciel si pur tant de blanches étoiles
Répandaient, la nuit, leur rêveuse clarté,
Et jamais le jour n’avait vu de ses voiles
Un orage obscur en ternir la beauté.
Mon jardin n’a plus une fleur parfumée.
De mes gais bouvreuils le dernier s’envola.
Mon foyer éteint n’est que cendre et fumée.
Tout mon ciel est noir, — car vous n’êtes plus là.
Soldat de la vieille garde,
Longtemps éprouvé du sort,
Je pleure, ô mon Dieu, regarde !
L’empereur est mort !
Brûlé du soleil du Caire<ref>Allusion à la conquête de l’Égypte faite par Bonaparte, alors général, en 1798. </ref>,
Glacé par les froids du Nord,
J’ai fait vingt-cinq ans la guerre.
L’empereur est mort !
Acteur de la grande histoire,
De l’homme sublime et fort,
J’en garde ma part de gloire.
L’empereur est mort !
Dix ans j’ai porté son aigle,
Toujours avec lui d’accord ;
Nous sommes tous deux en règle.
L’empereur est mort !