Il semble qu’elle vogue au bleu du ciel d’été,
et c’est une autre mer limpide au-dessus d’elle…
Et le reflet, sur l’eau doucement agitée,
ainsi diaphane est une aile
qui se suspend dans la clarté.
Œuvres à lire d’Albert Mockel : (Librairie de l’Art Indépendant et Société du Mercure de France, Paris, éditeurs) : L’Essor du rêve (1887) ; Chantefable un peu naïve (1891) ; Clartés (1902). — Critiques à consulter : Charles Delchevalerie, Revue Blanche (25 mars 1892) ; Maurice Gauchez, Le Livre des masques belges (1909) ; Tancrède de Visan, L’Attitude du Lyrisme contemporain (1911).
GRÉGOIRE LE ROY
Il y a chez ce poète, sincère et pénétrant, un lyrique tendrement doux
et un symboliste un peu subtil, mais compréhensif et raisonnable. Il a
exprimé avec ces deux tendances la mélancolie troublante de la vie, puis
son âme s’est rassérénée, son pessimisme s’est atténué et l’azur de l’Idéal
a ébloui ses yeux d’une vision consolante. Sur de jolis rythmes caressants
il a su fort bien exprimer l’émotion et le rêve.
Aux bords opalisés de lune
Et déserts d’adieux éternels,
Nous errons, seules, une à une,
Veuves des lys spirituels.
Et nos mains, à jamais marries<ref>Participe passé de l’ancien verbe marrir ; il veut dire attristé.</ref>,
Sont oublieuses des fuseaux,
Fleurs nonchalantes et flétries,
Nénuphars<ref>Voir page 198, note 1. On remarquera combien ce mot revient souvent chez les poètes.</ref> exilés des eaux.
L’amour a blessé toute envie ;
C’est pourquoi telles nous voici ;
Immarcessibles<ref>Qui ne peut se flétrir (du latin immarcessibilis) ; ce mot n’est pas très clair ici.</ref> à la vie,
Comme mortes déjà d’ici.
Tocsin de cloche, appel nocturne,
L’espoir du cœur a tu sa voix ;
Nos lasses mains ont brisé l’urne
Dans quoi nous buvions autrefois.
- ↑ Extrait de La Chanson d’un soir (1886).