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à votre parente, je ne reculerai devant aucun risque ;

vous le rappelez-vous ? C’était la nuit où fut tué Red Colin. Je ferai ce à quoi je me suis engagé. Prestongrange m’a promis la vie sauve, s’il est parjure, c’est ici que je dois mourir.

— Fort bien, fort bien ! » dit Alan.

Pendant ce temps, nous n’avions plus rien vu ni entendu. La vérité était que nous les avions pris au dépourvu ; le gros de la troupe — je l’appris plus tard — n’était pas encore arrivé ; — ceux qui étaient là s’étaient disséminés dans la plaine vers Gillane, il fallait du temps pour les avertir et le canot approchait ; — c’était d’ailleurs une bande d’aventuriers des Highlands pris dans plusieurs clans, sans chef, et plus ils nous regardaient, Alan et moi, moins ils avaient envie de nous attaquer ; c’est du moins ce que je supposais.

Ce n’était pas, en tout cas, le capitaine du brick qui avait trahi Alan ; il était dans la chaloupe, ramant lui-même de toutes ses forces,… ils approchaient ; Alan, rouge d’excitation, touchait à la délivrance, quand nos amis des dunes, voyant leur proie leur échapper, se mirent à crier subitement tous à la fois.

Les hommes dans le canot aussitôt s’arrêtèrent.

« Qu’est ceci ? demanda le capitaine, car ils étaient à portée de la voix.

— Des amis à moi », répondit Alan, et il entra dans l’eau pour rejoindre l’embarcation. « David, me cria-t-il en s’arrêtant, David, ne venez-vous pas ? Je suis désolé de vous laisser.

— Je ne ferai pas un pas », répondis-je.

Il resta une seconde hésitant, déjà dans la mer jusqu’aux genoux.

« Celui qui veut aller à Cupar va à Cupar »[1], dit-il, et,

  1. Proverbe écossais dont l’origine est inconnue et qui signifie qu’on ne peut empêcher un homme de faire une sottise.
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