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connaissance de cette jeune fille qui avait contribué à

me sauver la vie[1].

Cette fois encore, nous la trouvâmes seule ; son père passait toutes ses journées dans les champs. Elle nous fit de très respectueuses révérences, comme il convenait vis-à-vis de personnes de qualité et d’une si jolie demoiselle en amazone.

« Est-ce ainsi que vous reconnaissez vos amis ? lui demandai-je en lui tendant la main.

— Bonté du ciel ! Je ne vous reconnais pas… Mais me regardant mieux elle s’écria : Le garçon déguenillé ? est-ce bien vous ?

— C’est moi-même, dis-je en riant.

— Bien souvent, j’ai pensé à vous et à votre ami ! et je suis heureuse de vous voir avec de si beaux habits, continua-t-elle ; je me doutais bien que vous aviez dû retrouver votre famille, car j’ai bien à vous remercier du beau cadeau que j’ai reçu de vous.

— Voyons, me dit alors miss Grant, allez faire un tour dehors comme un bon garçon que vous êtes, c’est elle et moi qui avons à causer. »

Je la laissai aussitôt et elle demeura un quart d’heure dans la maison. Quand elle en sortit, j’observai deux choses : elle avait les yeux rouges et une broche d’argent qu’elle portait ce jour-là avait disparu de son cou.

« Je ne vous ai jamais vue si belle, lui dis-je.

— Oh ! David, ne faites pas le nigaud ! répondit-elle, et elle fut plus taquine que jamais tout le reste du jour. »

Nous rentrâmes tard de cette excursion, une des plus agréables de ma vie.

Cependant, je n’avais plus entendu prononcer le nom de Catriona ; miss Grant était impénétrable et me fermait la bouche par des plaisanteries. Un jour enfin, elle

  1. Voir les Aventures de David Balfour.
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