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Et pourquoi ? parce qu’il n’estimerait qu’une de mes qualités, non Moi.

Il en va exactement de même de l’esprit. Un esprit chrétien, un esprit loyal et honnête peut bien être ma qualité acquise, ma propriété, mais je ne suis pas cet esprit : il est mien, je ne suis pas sien.

Par suite nous n’avons dans le libéralisme que la continuation de l’antique mépris du moi. Au lieu de me prendre comme je suis, on ne voit que ma propriété, ma caractéristique et l’on conclut avec moi une honnête union pour ma seule propriété ; c’est ce que j’ai qu’on épouse, non ce que je suis. Le chrétien s’en tient à mon esprit, le libéral à mon humanité.

Mais si l’esprit que l’on ne considère pas comme la propriété du moi corporel, mais comme le moi propre lui-même, et un fantôme, l’homme aussi qui n’est pas reconnu comme ma propriété, mais comme le moi propre, n’est qu’un fantôme, une pensée, un concept.

C’est pourquoi le libéral tourne dans le même cercle que le chrétien. Parce que l’esprit de l’humanité, c’est-à-dire l’homme habite en toi, tu es homme, comme tu es chrétien quand l’esprit de Christ habite en toi ; mais parce qu’il n’habite en toi que comme un second moi, bien qu’étant ton toi propre ou « le meilleur » de ton moi, il reste au-delà de toi, et tu dois t’efforcer de devenir entièrement l’Homme. Effort aussi infructueux que celui du chrétien pour devenir entièrement esprit béat !

Maintenant donc que le libéralisme a proclamé l’Homme, on peut dire que les conséquences dernières du christianisme sont accomplies et qu’en réalité le christianisme ne s’est pas donné originairement d’autre

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