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nous, les égoïstes, l’indissolublement existant. La lutte contemporaine est, dit-on, dirigée contre « l’état de choses existant ». Cependant on a coutume de faire là une méprise : on suppose toujours qu’il s’agit de changer l’état de choses existant contre un meilleur. On devrait plutôt déclarer la guerre à la constitution même, c’est-à-dire à l’État (status), non à un État déterminé, à une situation passagère de l’État, ce n’est pas un autre État que l’on a en vue (ainsi « État du peuple ») mais l’union qui en est le principe, l’association constamment modifiée de ses éléments. — Un État existe même sans que j’y participe. Je suis né, élevé en lui, j’ai envers lui des obligations et je dois lui « rendre hommage ». Il me prend sous sa protection et je vis par sa « faveur ». Ainsi l’existence indépendante de l’État fonde ma dépendance ; son développement naturel, son organisme, exigent que ma nature ne s’épanouisse pas librement, mais soit façonnée à son goût. Afin de pouvoir se développer naturellement, il passe sur moi les ciseaux de la culture, il me donne une éducation appropriée à lui, non à moi, et m’enseigne par exemple à respecter les lois, à me garder de porter atteinte à la propriété de l’État (c’est-à-dire à la propriété privée), à honorer une majesté divine et terrestre, bref il m’enseigne à être irréprochable en « sacrifiant » ma propriété à la « sainteté » (sainte est toute chose possible, par exemple, la propriété, la vie des gens, etc.). C’est en cela que consiste le genre d’éducation que l’État peut nous donner : il fait de moi un « instrument utile », un « membre utile de la société ».

C’est ce que doit faire tout État, qu’il soit démocratique, absolu ou constitutionnel. Il doit le faire tant que

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