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d’ouate qui sortaient et pendaient et coudre les

trous avec une aiguille de vétérinaire ; les bottes, avec une pièce au mollet ne couvraient pas toute la jambe. Anutka, gelée, laissa échapper Tambour, et Machka, couverte de la pelisse, alla à sa place, puis dut laisser la pelisse, et Akoulina sortit elle-même pour tenir Tambour. Malgré tout cela, Ilitch mit enfin sur son dos tous les vêtements de la famille, ne laissant que la camisole et les savates, puis il s’installa dans la charrette, se serra, arrangea le foin, s’enveloppa une fois de plus, ramena les guides, se serra encore davantage, comme le font les gens sérieux, et partit.

Son gamin, Michka, qui était sur le perron exigeait qu’on le mit en voiture ; la bégayante Machka demanda aussi « qu’on la voitule et qu’elle a chaud sans pelisse ». Polikeï, retenant Tambour, sourit d’un sourire paisible, Akoulina fit monter les enfants, et, en s’inclinant vers lui, tout bas, elle lui rappela son serment de ne rien boire en route. Polikeï emmena les enfants jusque chez le forgeron, là, il les fit descendre, se serra de nouveau, renfonça son bonnet et partit seul, d’un petit trot régulier. Les cahots faisaient trembler ses joues et heurter ses pieds contre le garde-crotte.

Machka et Michka coururent pieds nus à la maison sur la montée glissante, avec une telle rapidité et des cris si aigus qu’un chien, venu de la campagne dans la cour, les regarda, et tout à coup,

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