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de la mort. Oui, c’est comme ça, mon cher.

Une autre voix plus jeune l’interrompit.

— Mais peur ou non, ça viendra quand même.

— Et malgré tout on a peur ! Eh ! vous, les savants, — dit une troisième voix forte en interrompant les deux premiers. — C’est ça, vous autres, les artilleurs, vous êtes très savants parce que vous pouvez amener avec vous l’eau-de-vie, les hors-d’œuvre, tout. Et le possesseur de la voix puissante, évidemment un officier d’infanterie, se mit à rire.

— Quand même on a peur — continuait la première voix connue. — On a peur de l’incertain, voilà. On a beau dire que l’âme ira au ciel… Nous savons donc qu’il n’y a pas de ciel mais une atmosphère…

De nouveau, la voix puissante interrompait l’artilleur.

— Eh bien, régalez-nous donc de votre eau-de-vie aromatique, Touchine.

— « Ah ! c’est le même capitaine qui était sans bottes chez le vivandier », pensa le prince André, en reconnaissant avec plaisir la voix agréable qui philosophait.

— De l’eau-de-vie, ça va, — dit Touchine. — Et quand même comprendre la vie future… Il n’acheva pas. À ce moment, un sifflement de plus en plus rapproché, de plus en plus rapide, de plus en plus clair, glissa dans l’air

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