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plus charmant que j’aie jamais vu. Tu ne seras pas

aussi riche que Sophie quant à présent ; mais, à la mort de la vieille lady Temple, il vous reviendra encore 2000 livres sterling par an, car je sais qu’elle a au moins cette fortune.

— Chère mère, pensez donc un peu plus à sir Charles et un peu moins à sa fortune. Je ne peux pas croire qu’il ait jamais tout ce que vous dites ; car il m’a répété vingt fois qu’il était pauvre. J’avais envie de lui dire que vous répétez toujours que je ferai le bonheur d’un homme pauvre par mes goûts simples et économiques ; mais je n’ai pas osé. »

De son côté le major était enfermé avec le baronnet, qui lui avouait son amour pour Florence et se désolait de ne pouvoir offrir à sa femme qu’un revenu de mille livres sterling au plus.

Le major, prenant dans les siennes la main fine et blanche du jeune homme, lui dit avec une tendresse respectueuse et reconnaissante :

« Cela vous paraît très-médiocre, à vous le baronnet Charles Temple, et je sais que vous parlez sérieusement en le disant ; mais à moi, mon ami, qui n’ai pas même cent guinées à donner en dot à mon enfant chérie, votre petite fortune me paraît considérable, et votre demande me semble un bonheur inespéré pour notre famille et pour Florence. »

Le major approuva absolument le secret que désirait le baronnet, craignant que la jalousie de Sophie contre sa cousine n’altérât la bonne harmonie qui devait régner entre elles pendant l’année que l’on allait passer à Thorpe-Combe.

À dîner, toute la société rayonnait de bonheur et d’espérance ; la soirée passa vite pour tout le monde, et le lendemain, après les adieux, les pleurs et les souhaits de toutes sortes, les deux amis partirent, laissant

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