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riole du danger, l’émulation du courage, l’air crâne

et un bout de drapeau !


Nous aurons cela — et nous nous surveillerons l’un l’autre. — Nous pensons bien que nous ne sommes pas des lâches, mais nous ne savons pas ce que c’est qu’un coup de fusil, un coup de canon. Seul devant les balles, sous les boulets, on aurait peut-être peur — il ne faut pas se vanter d’avance — mais je sais bien que devant mes amis je ne voudrais pas reculer ; et mon courage me viendra beaucoup de ce que j’ai juré d’être brave dans ces séances à la chandelle.

Ces discours, ces phrases, ce latin, ces images, tout cela a eu du bon si nous nous sentons engagés vis-à-vis de nous, sinon vis-à-vis du drapeau !

Ne rions pas trop du Comité des Jeunes !


Rire ? — C’est fini de rire !


Tous les matins le journal apporte une menace de plus, et tous les matins nous trouvent plus simples et plus graves.

Tout ce qui était fantasmagorie, parodie de 93, s’est évanoui ; la mise en scène des séances de nuit a disparu, nous faisons moins de phrases. On ne se moque plus de Championnet.

Nous sentons venir le froid du danger et nous en avons le frisson. Ce n’est pas la crainte du combat, ni

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