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Au mendiant errant dans la forêt
Il donnait un sol que s’il jurait.
Il ajoutait : « De ce que l’on invoque
« Le nom de Dieu celui-ci ne s’en choque,
« Bien au contraire, et tout est pour le mieux.
« Tiens, prends, et bois à ma santé, bon vieux. »
Puis il disait : « Celui-là prévarique
« Qui de sa chair faisant une bourrique
« La subordonne au soin de son salut
« Et lui désigne un trop servile but.

« La chair est sainte ! Il faut qu’on la vénère.
« C’est notre fille, enfants, et notre mère,
« Et c’est la fleur du jardin d’ici-bas !
« Malheur à ceux qui ne l’adorent pas !
« Car, non contents de renier leur être,
« Ils s’en vont reniant le divin maître,
« Jésus fait chair qui mourut sur la croix,
« Jésus fait chair qui de sa douce voix
« Ouvrait le cœur de la Samaritaine,
« Jésus fait chair qu’aima Madeleine ! »

À ce blasphème effroyable, voilà
Que le ciel de ténèbres se voila.
Et que la mer entre-choqua les îles.
On vit errer des formes dans les villes,
Les mains des morts sortirent des cercueils,
Ce ne fut plus que terreurs et que deuils,

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