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mémoires d’un veuf

mais avec plus, beaucoup plus de talent poétique

que ce terne ennemi du Dieu de toute beauté. Il a depuis, je crois, entrepris la publication en province d’un journal radical. Chez les parents de M. de Ricard, — son père, général, avait tenu un emploi supérieur au Palais-Royal d’alors, et vivait encore, — se réunissaient quelques jeunes gens, artistes et poètes, absolument obscurs, dont le plus obscur est le signataire de ce fragment. J’abouchai, ou plutôt M. B…, que j’avais présenté chez le général, marquis de R…, aboucha le fils de celui-ci avec M. Lemerre. De cette entrevue naquit dans l’esprit de l’intelligent libraire l’idée d’une publication à tapage…, qui n’en fit d’ailleurs aucun pour le moment : l’Art, journal hebdomadaire, rédacteur en chef, L.-X. de Ricard, parut pendant quelques semaines, juste le temps d’ensemencer sur un papier et dans une typographie irréprochables les théories, absolues, hautaines, intransigeantes, d’où sortit de terre, grâce à l’épais fumier de quelques grasses injures, ce Parnasse contemporain qui fit plus tard craquer les granges du fortuné Lemerre. Celui-ci, depuis, bona sua novit et c’est une justice à lui rendre, qu’il se tire en garçon spirituel de ce problème qu’avait presque littéralement proposé Théodore de Banville, en des temps moins miraculeux : « Être éditeur lyrique ET vivre de son état. » M. Lemerre n’en vit pas seulement de son état, il

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