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les hommes d’aujourd'hui

D’ailleurs, qu’importe ! Œuvre et vie sont superbes

telles quelles dans leur indiciblement fier pendent interrupta.

Ne pas trop se fier aux portraits qu’on a de Rimbaud, y compris la charge ci-contre, pour amusante et artistique qu’elle soit. Rimbaud, à l’âge de seize à dix-sept ans qui est celui où il avait fait les vers et faisait la prose qu’on sait, était plutôt beau — et très beau — que laid comme en témoigne le portrait par Fantin dans son Coin de table qui est à Manchester. Une sorte de douceur luisait et souriait dans ces cruels yeux bleu clair et sur cette forte bouche rouge au pli amer : mysticisme et sensualité et quels ! On procurera quelque jour des ressemblances enfin approchantes.

Quant au sonnet des Voyelles, il n’est ici publié ci-dessous qu’à cause de sa juste célébrité et pour l’explication de la caricature. L’intense beauté de ce chef-d’œuvre le dispense à mes humbles yeux d’une exactitude théorique dont je pense que l’extrêmement spirituel Rimbaud se fichait sans doute pas mal. Je dis ceci pour René Ghil qui pousse peut-être les choses trop loin quand il s’indigne littéralement contre cet « U vert » où je ne vois, moi public, que les trois superbes vers « U cyles, etc. »

Ghil, mon cher ami, je suis jusqu’à un certain point votre très grand partisan, mais, de grâce, n’allons pas plus vite que les violons, et ne prêtons

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