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donc, lorsque le Grand-Transasiatique se raccordera au Grand-Transafricain…

– Et comment l’Asie pourrait-elle être réunie par une voie ferrée à l’Afrique ? demanda le major Noltitz – Mais par la Russie, la Turquie, l’Italie, la France et l’Espagne. Les voyageurs iront de Pékin au cap de Bonne-Espérance sans transbordement.

– Et le détroit de Gibraltar ? » fit observer Pan-Chao.

À ce nom, sir Francis Trevellyan dresse l’oreille. Dès que l’on parle de Gibraltar, il semble que tout le Royaume-Uni est agité d’un même tressaillement méditerranéo-patriotique.

« Oui… Gibraltar ? reprend le major.

– On passera dessous, ai-je répondu. Un tunnel de quinze kilomètres, la belle affaire ! Il n’y aura pas un parlement anglais pour s’y opposer, comme il le fait encore à propos du tunnel entre Calais et Douvres ! Tout se fera un jour, tout… ce qui justifiera le vers


Omnia jam fieri quæ posse negabam. »


Mon étalage d’érudition latine ne fut guère compris que du major Noltitz, et j’entends M. Caterna dire à sa femme :

« Ça, c’est du volapük.

– Ce qui n’est pas douteux, reprend Pan-Chao, c’est que l’Empereur de la Chine a été fort avisé en donnant la main aux Russes de préférence aux Anglais. Au lieu de s’obstiner à établir les railways stratégiques de la Mandchourie, qui n’auraient jamais eu l’approbation du Czar, le Fils du Ciel a préféré se relier avec le Transcaspien à travers la Chine et le Turkestan chinois.

– Et il a sagement agi, ajoute le major. Avec les Anglais, c’était seulement l’Inde reliée à l’Europe. Avec les Russes, c’est le continent asiatique desservi tout entier. »

Je regarde sir Francis Trevellyan… La coloration de ses pommettes s’accentue, mais il ne bronche pas. Je me demande si ces

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