< Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome10.djvu
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Enfin dans ces lieux tout m’apprend
Que celui que je vis à table
Gai, doux, facile, complaisant,
Et des humains le plus aimable,
Devient aujourd’hui le plus grand.
J’allais vous faire un compliment ;
Mais, parmi les choses étranges
Qu’on dit à la cour de Pluton,
On prétend que ce fier Saxon
S’enfuit au seul bruit des louanges,
Comme l’Anglais fuit à son nom.
Lisez seulement mes folies,
Mes vers, qui n’ont loué jamais
Que les trop dangereux attraits
Du dieu du vin et des Sylvies :
Ces sujets ont toujours tenté
Les héros de l’antiquité
Comme ceux du siècle où nous sommes :
Pour qui sera la volupté,
S’il en faut priver les grands hommes ?




ÉPÎTRE LXXVI.


À MADAME DENIS,
NIÈCE DE L’AUTEUR.
LA VIE DE PARIS ET DE VERSAILLES.


(1748)


Vivons pour nous, ma chère Rosalie ;
Que l’amitié, que le sang qui nous lie,
Nous tiennent lieu du reste des humains :
Ils sont si sots, si dangereux, si vains !
Ce tourbillon qu’on appelle le monde
Est si frivole, en tant d’erreurs abonde,
Qu’il n’est permis d’en aimer le fracas

    Cet article est issu de Wikisource. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.