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Cléopâtre.

Ne mangerait-il rien ?

Le paysan.

Ne croyez pas que je sois si simple ; je sais que le diable même ne voudrait pas manger une femme : je sais bien qu’une femme est un plat à présenter aux dieux, pourvu que le diable n’en fasse pas la sauce ; mais, par ma foi, les diables sont des fils de p.... qui font bien du mal au ciel quand il s’agit des femmes ; si le ciel en fait dix, le diable en corrompt cinq.

Cléopâtre.

Fort bien ; va-t’en, adieu.

Le paysan.

Je m’en vais, vous dis-je, bonsoir. Je vous souhaite bien du plaisir avec votre ver.

Scène traduite de la tragédie de Henri V.


(Acte V, scène ii.).


Henri.


Belle Catherine, très-belle[1],
Vous plairait-il d’enseigner à un soldat les paroles
Qui peuvent entrer dans le cœur d’une damoiselle,
Et plaider son procès d’amour devant son gentil cœur ?

La princesse Catherine.

[2] Votre Majesté se moque de moi, je ne peux parler votre anglais.

Henri.

[3] Oh ! belle Catherine, ma foi, si vous m’aimez fort et ferme avec votre cœur français, je serai fort aise de vous l’entendre avouer dans votre baragouin, avec votre langue française : me goûtes-tu, Catau ?

Catherine.

Pardonnez-moi[4], je n’entends pas ce que veut dire vous goûter[5].

  1. En vers anglais. (Note de Voltaire.)
  2. En prose anglaise. (Id.)
  3. En prose. (Id.)
  4. En prose. (Id.)
  5. Goûter, like, signifie aussi en anglais ressembler. (Id.)
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