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Couché sur la poussière, observait mon visage ;
Il me tendit les bras, il voulut me parler ;
De ses yeux expirants je vis des pleurs couler ;
Moi-même en le perçant, je sentis dans mon âme,
Tout vainqueur que j’étais… vous frémissez, madame.


Jocaste.

Seigneur, voici Phorbas ; on le conduit ici.


Œdipe.

Hélas ! Mon doute affreux va donc être éclairci !


Scène II.

ŒDIPE, JOCASTE, PHORBAS, suite.

Œdipe.

Viens, malheureux vieillard, viens, approche… À sa vue
D’un trouble renaissant je sens mon âme émue ;
Un confus souvenir vient encor m’affliger :
Je tremble de le voir et de l’interroger.


Phorbas.

Eh bien ! Est-ce aujourd’hui qu’il faut que je périsse ?
Grande reine, avez-vous ordonné mon supplice ?
Vous ne fûtes jamais injuste que pour moi.


Jocaste.

Rassurez-vous, Phorbas, et répondez au roi.


Phorbas.

Au roi !


Jocaste.

C’est devant lui que je vous fais paraître.


Phorbas.

Ô dieux ! Laïus est mort, et vous êtes mon maître !
Vous, seigneur ?


Œdipe.

Épargnons les discours superflus :
Tu fus le seul témoin du meurtre de Laïus ;
Tu fus blessé, dit-on, en voulant le défendre.


Phorbas.

Seigneur, Laïus est mort, laissez en paix sa cendre ;
N’insultez pas du moins au malheureux destin
D’un fidèle sujet blessé de votre main.

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