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Phorbas.

Hélas ! Il était né
D’un sang plus glorieux et plus infortuné.


Œdipe.

Quel était-il enfin ?


Phorbas, se jette aux genoux du roi.

Seigneur, qu’allez-vous faire ?


Œdipe.

Achève, je le veux.


Phorbas.

Jocaste était sa mère.


Icare.

Et voilà donc le fruit de mes généreux soins ?


Phorbas.

Qu’avons-nous fait tous deux ?


Œdipe.

Je n’attendais pas moins.


Icare.

Seigneur…


Œdipe.

Sortez, cruels, sortez de ma présence ;
De vos affreux bienfaits craignez la récompense :
Fuyez ; à tant d’horreurs par vous seuls réservé,
Je vous punirais trop de m’avoir conservé.


Scène IV.

ŒDIPE.

Le voilà donc rempli cet oracle exécrable
Dont ma crainte a pressé l’effet inévitable[1] !
Et je me vois enfin, par un mélange affreux,
Inceste et parricide, et pourtant vertueux.
Misérable vertu, nom stérile et funeste,
Toi par qui j’ai réglé des jours que je déteste,
À mon noir ascendant tu n’as pu résister :
Je tombais dans le piége en voulant l’éviter.
Un dieu plus fort que toi m’entraînait vers le crime ;

  1. Ce vers raconte tout Œdipe. On lit dans l’Œdipe de Corneille (acte V, scène V) :
    Cependant je me trouve inceste et parricide.
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