304 AVKRTISSE.MEM. ’
Et non devant un peuple aveugle, audacieux,.
D’un crime tout récent encore furieux, |
Qui, Jie prévoyant rien, sans crainte s’abandonne |
Au frivole plaisir ([u’un cliangenient lui donne. j
Aroiis dit de iiUMue :
Consuls, et vous, sénat, qu’il m’est doux d’être admis
Dans ce conseil sacré de sages ennemis !
De voir tous ces héros dont l’équité sévère
N’ont jusques aujourd’hui qu’un reproche à se fan-e ;
Témoin do leurs exploits, d’admirer leurs vertus ;
D’écouter Rome enfin par la voix de Brut us !
Loin des cris de ce peuple indocile et barbare,
Que la fureur conduit, réunit et sépare.
Aveugle dans sa haine, aveugle en son amour,
Qui menace et qui craint, règne et sert en un jour…
On ne peut nier (^ue l’un de ces deux morceaux n’ait pu fournir l’idée de l’autre ; mais l’obligation est assez légère et l’intervalle est immense. On peut observer le même ra[)port et la même distance entre ces cpialre vers de Brutus à son fils, qu’il va condamner :
Reçois donc mes adieux ])our prix de ta constance ; Porte sur l’échafaud cette mâle assurance. Ton père infortuné tremble à te condannier ; Va, ne l’imite pas, et meurs sans t’étonner.
et ceux que Voltaire lui priMe dans la mtme circonstance :
Lève-toi, triste objet d’horreur et de tendresse, etc.
Acte V, scùnc vu (in jinv).
11 laut mentionner encore un Brûlas latin du P. l’orée, joué au collège de Louis-le-Giand. Le dialogue, quoique semé d’antithèses, ne manque ni de vivacité ni de noblesse, mais le plan est d’un homme qui n’a aucune connaissance du théâtre. Cette pièce ressemble à toutes celles du même auteur qui ne sont que des espèces de pastiches, des copies maladroites de nos plus belles tragédies françaises. Les trois derniers actes de son Bruliis sont calqués sur VHeraclius de Corneille. Les deux fils de Brutus se dispu- tent, cotnme les deux princes, à qui mourra, et chacun d’eux n’accuse que lui-même et veut justifier et sauver l’autre. Cependant cette |)ièce du 1’. l’orée a fourni à son élève deux beaux mouvements. Titus, condamné, dit il son père : « Je vais mouiir, mon père ; vous l’avez ordonné. Je vais mourir, et je donne volontiers ma vie en expiation de ma faute : mais ce tpii m’ac- cable d’une juste douleur, je meurs coupable envers mon père. Ah ! du moins, que J3 ne meure pas haï de vous, que je n’em[)oite pas au tombeau ce regret alfreux : accordez à un fils qui vous aime les embrassements |ia- ternels ; (jue j’obtienne de vous cette dernière grâce, ouvrez les bras ; i votre fils, etc. »