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M. DU CAP-VERT.

Que dites-vous là de la mer, beau garçon ?


LE COMTE.

Je dis qu’elle me fait soulever le cœur. Eh ! voilà, pour n’achever de peindre ! le président et la présidente : je n’y puis plus tenir, je quitte la partie, je vais me réfugier ailleurs.


Scène IX.

LE PRÉSIDENT, LA PRÉSIDENTE, M. DU CAP-VERT,
LE CHEVALIER DU HASARD.

LE PRÉSIDENT, regardant attentivement M. du Cap-Vert.

Ce que je vois là est incompréhensible !


M. DU CAP-VERT.

Cela est très-aisé à comprendre : j’arrive de la cote de Zanguebar, et je viens débarquer chez vous, et épouser Fanchon.


LE PRÉSIDENT.

Il ne se peut pas que ce soit là M. du Cap-Vert : son thème porte qu’il ne reviendra que dans deux ans.


M. DU CAP-VERT.

Eh bien ! faites donc votre thème en deux façons ; car me voilà revenu.


LA PRÉSIDENTE.

Il a bien mauvais visage.


LE CHEVALIER.

Monsieur, soyez le très-bien arrivé en cette Aille.


LE PRÉSIDENT.

Est-ce que je ne serais qu’un ignorant ?


M. DU CAP-VERT.

Beau-père, votre raison va à la bouline : parbleu ! vous perdez la tramontane. Dressez vos lunettes, observez-moi : je n’ai point changé de pavillon : ne reconnaissez-vous pas mons du Cap-Vert, votre ancien camarade de collège ? Il n’y a que trente-cinq ans que nous nous sommes quittés, et vous ne me remettez pas !


LE PRÉSIDENT.

si fait, si fait ; mais…


M. DU CAP-VERT.

Mais oublier ses amis en si peu de temps ! Tout le monde me paraît bien étourdi du bateau dans cette maison-ci. Je viens de

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