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Lusignan.

Dieu, reçois son aveu du sein de ton empire !



Scène IV.

ZAÏRE, LUSIGNAN, CHATILLON, NÉRESTAN, CORASMIN.

Corasmin.

Madame, le soudan m’ordonne de vous dire
Qu’à l’instant de ces lieux il faut vous retirer,
Et de ces vils chrétiens surtout vous séparer.
Vous, Français, suivez-moi ; de vous je dois répondre.


Chatillon.

Où sommes-nous, grand Dieu ! Quel coup vient nous confondre !


Lusignan.

Notre courage, amis, doit ici s’animer.


Zaïre.

Hélas, seigneur !


Lusignan.

Ô vous que je n’ose nommer,
Jurez-moi de garder un secret si funeste.


Zaïre.

Je vous le jure.


Lusignan.

Allez, le ciel fera le reste.


FIN DU DEUXIÈME ACTE.[1]

  1. Voltaire avait lu Zaïre à Mlle Quinault, sœur du célèbre Dufresne qui joua Orosmane d’original. Cette actrice, qui joignait à un grand talent comique beaucoup d’esprit naturel, de finesse et de gaieté, sachant combien Voltaire, sur tout ce qui avait rapport à ses pièces, était facile à alarmer, se divertit d’autant plus à lui faire une plaisanterie sur son ouvrage, qu’elle-même assurément n’y attachait aucune conséquence. Quand elle eut entendu cet acte : « Savez-vous, lui dit-elle, comment il faut intituler cette pièce ? La Procession des Captifs. » Voltaire jeta un cri d’effroi.
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