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zaïre.

Donne.

(Elle lit.)

fatime, à part, pendant que Zaïre lit.

Dieu tout-puissant ! éclate en ta bonté ;
Fais descendre ta grâce en ce séjour profane ;
Arrache ma princesse au barbare Orosmane !


zaïre, à Fatime.

Je voudrais te parler.


fatime, à l’esclave.

Allez, retirez-vous ;
On vous rappellera, soyez prêt ; laissez-nous.



Scène III.

ZAÏRE, FATIME.

zaïre.

Lis ce billet : hélas ! dis-moi ce qu’il faut faire ;
Je voudrais obéir aux ordres de mon frère.


fatime.

Dites plutôt, madame, aux ordres éternels
D’un Dieu qui vous demande au. pied de ses autels.
Ce n’est point Nérestan, c’est Dieu qui vous appelle.


zaïre.

Je le sais, à sa voix je ne suis point rebelle,
J’en ai fait le serment : mais puis-je m’engager,
Moi, les chrétiens, mon frère, en un si grand danger ?


fatime.

Ce n’est point leur danger dont vous êtes troublée ;
Votre amour parle seul à votre âme ébranlée.
Je connais votre cœur ; il penserait comme eux.
Il hasarderait tout, s’il n’était amoureux.
Ah ! connaissez du moins l’erreur qui vous engage.
Vous tremblez d’offenser l’amant qui vous outrage !
Quoi ! ne voyez-vous pas toutes ses cruautés,
Et l’âme d’un Tartare à travers ses bontés ?
Ce tigre, encor farouche au sein de sa tendresse,
Même en vous adorant, menaçait sa maîtresse…
Et votre cœur encor ne s’en peut détacher ?

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