LETTRE
��ALX AL TEL US
��DU JOURNAL ENCYCLOPÉDIQUE.
��A Za-trou. le l'^' avril 1759.
Messieurs,
Vous dites dans votre journal du mois de mars qu'une espèce de petit roman, intitulé Candide ou l'Optimisme, est attribué à un nommé M. de V***. Je ne sais de quel M. de V*** vous voulez par- ler : mais je vous déclare que ce petit livre est de mon frère, M. Demad, actuellement capitaine dans le régiment de Brunsvick. A l'égard de la prétendue royauté des jésuites dans le Paraguai, que vous appelez une misérahlc fable, je vous déclare à la face de l'Europe que rien n'est plus certain ; que j'ai servi sur un des vaisseaux espagnols envoyés à Buenos- Ayres en 1756, pour mettre à la raison la colonie voisine de la ville du Saint-Sacrement ; que j'ai passé trois mois à celle de l'Assomption ; que les jésuites ont, de ma connaissance, vingt-neuf provinces qu'ils appellent Réduc- tions, et qu'ils y sont absolus, au moyen de huit réaies par tête, qu'ils payent au gouvernement de Buenos-Ayres pour chaque père de famille ; et encore ne payent-ils que pour le tiers de leurs Réductions. Ils ne souffrent pas qu'aucun Espagnol y reste plus de
��1. Cette Lettre, qui n'est pas dans les éditions de Kehl, mais qui avait été recueillie par feu Decroix, l'un des rédacteurs de ces éditions, fut imprimée pour la première fois dans le Journal encyclopédique, du 1.5 juillet 1762, avec une note ainsi conçue : « Cette lettre a été égarée longtemps, et lorsqu'elle nous est par- venue nous avons fait des recherches inutiles pour découvrir l'existence de M. Demad, capitaine dans le régiment de Brunsvick. » M. Decroix pensait que M par l'inutilité de leurs recherches, les journalistes semblent faire assez entendre que la prétendue lettre de M. Demad était du véritable auteur de Candide. Au surplus, la fin de cette lettre, le Post-scriptum, et jusqu'à la date du l^ avril, ne pouvaient guère laisser de doute sur la plaisanterie ». Un article sur Candidf avait paru dans le Journal encyclopédique du 15 mar*. (B.)
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