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L’auteur du Siècle de Louis XIV a toujours révéré le clergé en citoyen ; il l’a défendu contre les imputations de ceux qui disent au hasard qu’il a le tiers des revenus du royaume ; il a prouvé, dans son chapitre xxxv, que toute l’Église gallicane, séculière et régulière, ne possède pas au delà de quatre-vingt-dix millions de revenus en fonds et en casuel. Il remarque que le clergé a secouru l’État d’environ quatre millions par an l’un dans l’autre. Il n’a perdu aucune occasion de rendre justice à ce corps.

On trouve, au chapitre iv du Traité de la Tolérance, ces paroles : « Le corps des évêques en France est presque tout composé de gens de qualité, qui pensent et qui agissent avec une noblesse digne de leur naissance. » Est-ce là insulter les évêques de France comme tu les outrages ?

Insulte-t-il les évêques quand il parle de l’évêque de Marseille, dans une ode sur le Fanatisme[1] ?

Belsunce, pasteur vénérable,
Sauvait son peuple périssant ;
Langeron, guerrier secourable,
Bravait un trépas renaissant ;
Tandis que vos lâches cabales,
Dans la mollesse et les scandales,
Occupaient votre oisiveté
De la dispute ridicule
Et sur Quesnel et sur la bulle,
Qu’oubliera la postérité.

Ô ex-jésuite ! c’était rendre justice au digne évêque de Marseille ; il vous l’a rendue à vous, anciens confrères de Nonotte, à vou, Le Tellier, Lallemant, et Doucin[2], qui faisiez attendre des évêques dans la salle basse, avec le frère Vadblé, tandis que vous fabriquiez la bulle qui vous a enfin exterminés.

Ô Nonotte ! tu oses dire que l’auteur du Siècle de Louis XIV n’a jamais cherché qu’à tourner les papes en ridicule et à les rendre odieux.

Mais vois les éloges qu’il donne à la sagesse d’Adrien ier ; vois comme il justifie le pape Honorius, tant accusé d’hérésie ; vois ce qu’il dit de Léon IV au tome ier de l’Essai sur les Mœurs et l’Esprit des nations[3].

« Le pape Léon IV, prenant dans ce danger une autorité que

  1. Voyez tome VIII, page 430.
  2. Voyez tome XXV, page 350.
  3. Voyez tome XI, page 318.
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