ET LES USURPATIONS DES PAPES. 199
Enfin, que Robert se soit donné à saint Pierre, ou aux douze apôtres, ou aux douze patriarches, ou aux neuf chœurs des anges, cela ne communique aucun droit au pape sur un royaume: ce n'est qu'un abus intolérable, contraire à toutes les anciennes lois féodales, contraire à la religion chrétienne, à l'indépendance des souverains, au bon sens et à la loi naturelle.
Cet abus a sept cents ans d'antiquité : d'accord; mais en eût- il sept cent mille, il faudrait l'abolir. 11 y a eu, je l'avoue, trente investitures du royaume de Naples données par des papes; mais il y a eu beaucoup plus de bulles qui soumettent les princes à la juridiction ecclésiastique, et qui déclarent qu'aucun souverain ne peut en aucun cas juger des clercs ou des moines, ni tirer d'eux une obole pour le maintien de ses États : il y a eu plus de bulles qui disent, de la part de Dieu, qu'on ne peut faire un em- pereur sans le consentement du pape. Toutes ces bulles sont tombées dans le mépris qu'elles méritent ; pourquoi respecterait- on davantage la suzeraineté prétendue du royaume de Naples? Si l'antiquité consacrait les erreurs, et les mettait hors de toute atteinte, nous serions tous tenus d'aller à Rome plaider nos pro- cès lorsqu'il s'agirait d'un mariage, d'un testament, d'une dîme; nous devrions payer des taxes imposées par les légats; il faudrait nous armer toutes les fois que le pape publierait une croisade; nous achèterions à Rome des indulgences; nous délivrerions les âmes des morts à prix d'argent ; nous croirions aux sorciers, à la magie, au pouvoir des reliques sur les diables ; chaque prêtre pourrait envoyer des diables dans le corps des hérétiques ; tout prince qui aurait un différend avec le pape perdrait sa souve- raineté. Tout cela est aussi ancien ou plus ancien que la pré- tendue vassalité d'un royaume, qui, par sa nature, doit être indé- pendant.
Certes, si les papes ont donné ce royaume, ils peuvent l'ôter; ils en ont en eiïet dépouillé autrefois les légitimes possesseurs. C'est une source continuelle de guerres civiles. Ce droit du pape est donc en effet contraire à la religion chrétienne, à la saine politique, et à la raison : ce qui était à démontrer.
III. — DE LA MONARCHIE DE SICILE.
Ce qu'on appelle le privilège, la prérogative de la monarchie de Sicile, est un droit essentiellement attaché à toutes les puis- sances chrétiennes, à la république de Gênes, à celles de Lucques et de Raguse, comme à la France et à l'Espagne. Il.consiste en
�� �