DU PASTEUR BOURN. 233
de dettes, avec lesquels il massacrait tous les sujets de son allié Achis \ jusqu'aux enfants à la mamelle, et qui enfin, ayant dix- huit femmes, ravit Betzabée et fit tuer son mari - ?
Il y a dans l'Écriture, je l'avoue, mille traits pareils, contre lesquels la nature se soulève. Tout ne nous a pas été donné pour une règle de mœurs. Tenons-nous-en donc à cette loi incontes- table, universelle, éternelle, de laquelle seule dépend la pureté des mœurs dans toute nation : Aimons Dieu et le prochain^.
S'il m'était permis de parler de VAlcoran dans une assemblée de chrétiens, je vous dirais que les sonnites représentent ce livre comme un chérubin qui a deux visages : une face d'ange et une face de bête. Les choses qui scandalisent les faibles, disent-ils, sont le visage de bête, et celles qui édifient sont la face d'ange.
Édifions-nous, et laissons à part tout ce qui nous scandalise : car enfin, mes frères, que Dieu demande-t-il de nous? que nous confrontions Matthieu avec Luc, que nous conciliions deux gé- néalogies qui se contredisent, que nous discutions quelques pas- sages? Non; il demande que nous l'aimions et que nous soyons justes.
Si nos pères l'avaient été, les disputes sur la liturgie angli- cane n'auraient pas porté la tête de Charles l" sur un échafaud ; on n'aurait pas osé tramer la conspiration des poudres'^; qua- rante mille familles n'auraient pas été massacrées en Irlande ; le sang n'aurait pas ruisselé, les bûchers n'auraient pas été allumés sous le règne de la reine Marie. Que n'est-il pas arrivé aux autres nations pour avoir argumenté en théologie? Dans quels gouffres épouvantables de crimes et de calamités les disputes chrétiennes n'ont-elles pas plongé l'Europe pendant des siècles? la liste en serait beaucoup plus longue que mon sermon. Les moines disent que la vérité y a beaucoup gagné, qu'on ne peut l'acheter trop cher, que c'est ce qui a valu à leur saint père tant d'annates et tant de pays ; que si l'on s'était contenté d'aimer Dieu et son pro- chain, le pape ne se serait pas emparé du duché d'Urbin, de Ferrare, de Castro, de Bologne, de Rome même, et qu'il ne se dirait pas seigneur suzerain de Naples ; qu'une Église qui répand tant de biens sur la tête d'un seul homme est sans doute la véri- table Église; que nous avons tort, puisque nous sommes pauvres, et que Dieu nous abandonne visiblement. Mes frères, il est peut-
1. I. Rois, xwii, 8-11.
2. n. Rois, XI.
3. Voyez ci-dessus, page 229.
4. Voyez les Enlreliens chinois, ci-dessus, page 26.
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