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SENTIMENT


D’UN ACADÉMICIEN DE LYON


SUR QUELQUES ENDROITS DES COMMENTAIRES DE CORNEILLE[1].


(1774)




J’avais adopté, dans ma jeunesse, quelques idées de M. de Voltaire sur la poésie, et sur la manière d’en juger. Les critiques de M. Clément m’ont inspiré quelques réflexions dont je vais rendre compte aux gens de lettres plus instruits que moi, qui les jugeront.

M. de Voltaire, en commentant Corneille, a prétendu qu’il ne faut introduire dans le discours que des métaphores qui puissent former une image ou noble ou agréable. Il condamne ces deux vers d’Héraclius :

Et n’eût été Léonce en la dernière guerre,
Ce dessein avec lui serait tombé par terre.

Il blâme sur ce principe ces autres vers d’Héraclius :

Le peuple impatient de se laisser séduire
Au premier imposteur armé pour me détruire,
Qui, s’osant revêtir de ce fantôme aimé,
Voudra servir d’idole à son zèle charmé.

Pour sentir, dit-il, combien cela est mal exprimé, mettez en prose ces vers :

  1. Dans sa Cinquième Lettre à M. de Voltaire, 1774, in-8° de 237 pages, et dans sa Sixième Lettre à M. de Voltaire, 1774, in-8° de 360 pages, Clément examinait les commentaires de Voltaire sur Corneille. Le Sentiment d’un académicien de Lyon, qui est une réponse à Clément faite par Voltaire, a été imprimé dans le Mercure de décembre 1774, pages 224-234.
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