< Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome29.djvu
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rhæa, flux de génération, est la chose la plus simple. Vous donnez à entendre que le texte du Lévitique confond ces deux incommodités : non, il ne les confond pas ; la virulente était absolument inconnue dans tout notre hémisphère. Christophe Colomb alla la déterrer à Saint-Domingue. L’autre, dont il est question ici, se guérit avec du vin chaud encore mieux qu’avec de l’eau fraîche ; elle n’a nul rapport avec le péché d’Onan, ni avec l’Onanisme de M. Tissot. Vous les citez en vain en votre faveur ; jamais M. Tissot n’a fait sortir de Lausanne les impurs qu’il a guéris de la gonorrhée virulente. Quant au bonhomme Onan, voyez si vous avez quelque chose de commun avec lui.

XIDe l’agriculture.

Vous parlez très-bien de l’agriculture, monsieur, et je vous en remercie, car je suis laboureur.

XII. — Du profond respect que les dames doivent au Joyau des messieurs.

Vous rapportez une étrange loi dans le Deutéronome, au chapitre xxv[1]. « Si deux hommes ont une dispute, si la femme du plus faible prend le plus fort par son joyau, coupez la main à cette femme sans rémission. »

Je vous demande pardon, messieurs ; jamais je n’aurais coupé la main à une dame qui m’aurait pris par là autrefois : vous êtes bien délicats et bien durs.

XIII. — Polygamie.

Vous prétendez que mon ami a dit : « Je ne suis point assez habile physicien pour décider si, après plusieurs siècles, la polygamie aurait un avantage bien réel sur la monogamie, par rapport à la multiplication de l’espèce humaine.[2] »

Soyez sûr, monsieur, que mon ami n’a jamais écrit dans ce goût pour décider si, après plusieurs mots inutiles, on inspirerait au lecteur un dégoût bien réel par rapport à la multiplication de l’ennui. Vous lui imputez sans cesse ce qu’il n’a jamais

  1. Verset 11.
  2. L’abbé Guenée, dans le paragraphe 6 de la lettre viii, rapporte ces paroles comme étant de Voltaire ; mais, contre son usage, il n’indique pas l’ouvrage, et je les ai vainement cherchées dans les œuvres de Voltaire. (B.)
Cet article est issu de Wikisource. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.