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eux-mêmes du soufle du seigneur, et ils prophétiserent aussi… Saül en ayant été averti, envoya d’autres archers ; et ils prophétiserent de même. Il en envoya encore, et ils prophétiserent tout comme les autres. Enfin, il y alla lui-même ; et le soufle du seigneur fut sur lui, et il prophétisa pendant tout le chemin… il se dépouilla de ses habits, prophétisa avec tous les autres devant Samuel, et resta tout nud le jour et la nuit. C’est delà qu’est venu le proverbe. Saül est donc aussi devenu prophete…[1]. David s’enfuit donc ; et tous les gens qui étaient mal dans leurs affaires, chargés de dettes, et d’un naturel amer, s’assemblerent autour de lui dans la caverne d’Odolame ; et il fut leur prince. Or il y avait dans le désert de Mahon un homme très riche nommé Nabal, qui possédait sur le Carmel trois mille brebis et mille chevres ; et il fit tondre ses brebis sur le mont Carmel. Sa femme Abigaïl était prudente et fort belle à voir. David envoya dix de ses gens à Nabal lui dire ; nous venons dans un bon jour ; donnez à vos serviteurs et à votre fils David le plus que vous pourrez. Nabal répondit : qui est ce David ? On ne voit que des serviteurs qui fuient leur maître ; vraiment oui ! J’irai donner mon pain, mon eau et mes moutons, à des gens que je ne connais pas[2] ! Alors David dit à ses garçons : que chacun prenne son épée. Et David prit aussi son épée ; et il marcha vers Nabal avec quatre cents soldats, et en laissa deux cents au bagage. Mais la belle Abigaïl prit deux cents pains, deux outres de vin, cinq moutons cuits, cinq boisseaux de farine d’orge, cent

  1. l’auteur sacré a déjà donné une autre origine à ce proverbe. M Boulanger compare ici témérairement Saül à un juge de village en basse-Bretagne nommé Kerlotin, qui envoya chercher un témoin par un huissier ; le témoin buvait au cabaret, et l’huissier resta avec lui à boire ; il dépêche un second huissier, qui reste à boire avec eux : il y va lui-même, il boit et s’enivre ; et le procès ne fut point jugé.
  2. M Huet de Londres déclare la conduite de David insoutenable ; il ose le comparer à un capitaine de bandits, qui a ramassé jusqu’à six cents coupe-jarrets, et qui court les champs avec cette troupe de coquins, ne distinguant ni amis, ni ennemis, rançonnant, pillant tout ce qu’il rencontre. Mais cette expédition n’est pas approuvée dans la ste écriture : l’auteur sacré ne lui donne ni louange, ni blâme ; il raconte le fait simplement.
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